Cet enfant/adulte ne parle pas, je ne sais pas comment communiquer avec lui

TENTATIVES D'EXPLICATION

Il ne parle pas, mais a d’autres stratégies d’expression qu’il faut connaître et prendre en compte

Tout d’abord, en reconnaissant ses capacités de communication ; car il communique, même si sa communication n’est que non verbale. On s’interroge sur les stratégies qu’il utilise, pour les reconnaître comme intentionnelles et significatives, les reprendre au quotidien, et chercher à les enrichir.

QUESTIONNEMENTS

  • Émet-il des cris différenciés porteurs de sens ? oui/non
  • Modifie-t-il sa posture, selon ce qu’il cherche à exprimer ? oui/non
  • Ses mimiques sont-elles identifiables ? oui/non
  • Comment manifeste-il son intérêt pour une personne ?
  • Comment manifeste-il son intérêt pour un objet ?
  • Comment manifeste-il son intérêt pour une activité ?
  • Comment manifeste-t-il qu’il n’apprécie pas quelqu’un ou quelque chose ?
  • Regarde-t-il son interlocuteur ? oui/non
  • Regarde-t-il ce qu’il veut ? oui/non
  • Le pointe-t-il de la main ? oui/non
  • S’intéresse-t-il aux photos ? oui (sur demande/spontanément), non ?
  • S’intéresse-t-il aux images ? oui (sur demande/spontanément), non?
  • S’intéresse-t-il aux pictos ? oui (sur demande/spontanément), non ?
  • Peut-il dire oui ou non ? Comment
  • Peut-il choisir ? Entre deux objets/photos/images, oui/non
  • Peut-il exprimer un désir ? Comment ?
  • Peut-il exprimer une douleur ? Comment ?
  • Essaie-t-il de dire des mots ? oui /non
  • Lesquels ?
  • Sont-ils compréhensibles par tous ?

A l’issue de cette observation, on note avec précision :

  • Ce que la personne peut exprimer
  • Dans quelles situations et avec quels outils, ces capacités seront prises en compte
  • Les progrès ciblés

Bien-sûr, ces objectifs sont régulièrement réajustés.

Cette grille d’observation est très complète, il est peut être important de la présenter sous forme de tableau afin que chaque soignant soit au fait des capacités de la personne et peut-être d’en observer d’autres dans des lieux et activités différents. L’expression peut aussi être différente suivant le soignant, les parents.

QUELQUES PISTES D'ACCOMPAGNEMENT

Il faut d’abord percevoir ce qu’il comprend, sachant que sa compréhension est toujours supérieure à son niveau d’expression. Il est essentiel de croiser les regards, les observations de chacun des aidants professionnels et des parents. C’est ce partenariat qui permet de s’approcher au plus près des capacités et des stratégies de communication de la personne concernée.

On vérifie :

► Sa compréhension verbale
Pour vérifier la compréhension verbale, on évite toujours de regarder ce qu’on lui demande
et plus encore de le pointer du doigt.

  • Comprend-il des ordres simples ? Donne-moi le verre, ramasse le papier, ouvre la porte, etc.
  • Comprend-il des ordres plus complexes ou successifs ? Mets le savon sur le lavabo, ramasse le papier et mets- le à la poubelle, va chercher ton pyjama dans ta chambre, etc.
  • Peut-il montrer (du doigt ou du regard) ce qu’on lui demande :

On propose d’abord deux objets courants et qui l’intéressent, puis, on passe à deux photos, puis à
deux images. S’il réussit, on augmente le nombre de cibles. On note les cibles qu’il peut désigner (catégorie (objets, photos, etc.), caractéristiques
(tailles, couleurs, positionnement, etc.) et on dresse la liste de ce qu’il a identifié.

Si la compréhension verbale n’est pas bonne, on la vérifie en contexte. On regarde ou on pointe ce que l’on demande, on ne parle d’un verre ou du pain que si on est à table, etc.

Si le verbal n’est pas compris, on vérifie s’il comprend certains gestes symboliques (j’ai faim, c’est bon, au revoir, bravo, etc.), nos intonations (défense, compliment, etc.), s’il réagit à son prénom.

►On observe ensuite comment il s’exprime

  • Peut-il montrer un objet, une photo, une image pour exprimer un désir ?
  • Peut-il dire oui et/ou non ?
  • Peut-il faire un choix ?
  • Utilise-t-il des gestes symboliques pour communiquer ?
  • Il peut s’agir de gestes issus du code universel, de codes type Makaton ou Coghamo, ou de gestes familiaux.
  • A-t-il des mimiques, des regards, des postures significatives ?

A partir de ces observations, on inscrit la personne dans une démarche de CAA, qui est toujours multimodale :

  • On veille à ce que chaque aidant soit informé de ce que la personne comprend et exprime et l’utilise au quotidien.
  • On établit un projet d’enrichissement de la communication, de manière très pragmatique.

VIGNETTE CLINIQUE

Florent a 22 ans.

  • Il exprime par ses mimiques qu’il est fatigué, qu’il aime ou pas.
  • Il pointe sur photos quelques personnes de son entourage, sa maison et l’établissement qu’il fréquente.
  • Il signe, à partir de gestes du COGHAMO, réalisés maladroitement du fait de ses troubles moteurs, qu’il a faim, soif, mal au ventre et « encore ».
  • Il n’a aucun intérêt pour les pictos, ni pour les images. La tablette numérique ne l’intéresse que pour écouter de la musique.

Projet de communication :

  • Dans chaque situation du quotidien, inciter Florent à exprimer ce qu’il peut exprimer ; ses mimiques et ses gestes sont sémantisés et verbalisés.
  • On vise :

• Un geste pour le oui et le non.

• Des gestes pour « c’est fini » et « je suis fatigué ».

• Le pointage de photos de son environnement et qui l’intéressent : son doudou, un livre qu’il affectionne et le chocolat qu’il aime manger.

Pour obtenir ces progrès au niveau expressif, il est important :

  • De trouver la stratégie la plus efficace pour la personne concernée (ex : un geste, mais lequel ; une photo, laquelle (taille, couleurs…)
  • De la répéter régulièrement et dans la durée.

Il faut que la personne :

  • Comprenne le symbole
  • Le mémorise
  • Pour éventuellement le reproduire et l’utiliser spontanément.

La communication non verbale existe chez tout être humain. Il est essentiel de la reconnaître, de lui donner sens, même si les démarches d’expression sont parfois éloignées de nos représentations mentales (ex : mimique peu identifiable si le visage est hypotonique, gestes maladroits…)

La communication verbale est symbolique et requiert des apprentissages.

L’entourage est déterminant par le choix d’attitudes, d’activités et d’outils qui facilitent ces apprentissages.

La communication est fondatrice de l’être. Toute personne doit être reconnue comme un interlocuteur qui a des démarches de communication intentionnelles et significatives.