Cet enfant/adulte touche ses excréments ou joue avec

TENTATIVES D'EXPLICATION

Quelle est la fonction de ce comportement ? Quel besoin d’y avoir recours ?

« Habiter son corps suppose que l’on maîtrise les sensations qui arrivent aux frontières de l’organisme. C’est à travers les sensations que l’on délimite une zone habitable. » A.Bullinger (le développement sensorimoteur et ses avatars. Erès 2004).

  • Observer à quel moment survient ce comportement quand la personne est seule, inoccupée, en colère, angoissée ?
  • Est-ce que cette personne présente des particularités sur le plan olfactif (Est-ce qu’il y a des odeurs qui ne sont pas supportées ou au contraire très recherchées ?), sur le plan tactile (certaines substances provoquent une sensation agréable provoquant une excitation : le mou et chaud).
  • Est-il difficile pour la personne d’entrer dans les toilettes ?
  • Que provoque le passage aux toilettes pour les selles ? Est-ce que le sujet se retient ? Est-ce que cela provoque de l’angoisse, une excitation particulière ?
  • Qu’en est-il de la connaissance de son schéma corporel ?(le dedans et le dehors sont-ils différenciés)

QUELQUES PISTES D'ACCOMPAGNEMENT

Observer à quel moment ce comportement apparaît, en parler avec la famille et savoir depuis quand la personne y a recours. Comment la famille réagit-elle ? Est-ce que dans l’institution, il y a un lieu particulier, un environnement donné qui provoquent ce comportement ? Toujours avec les mêmes personnes ? L’échange entre tous les intervenants est primordial dans la tentative de compréhension.

  • Les selles sont-elles juste manipulées ou aussi senties voire mises en bouche ?

STRATÉGIES THÉRAPEUTIQUES

La personne déficiente a de la peine à maintenir présente une image corporelle. La façon dont l’être humain comprend et utilise son organisme est compliquée dans le processus du développement. Ceci explique que les difficultés que rencontre la personne handicapée pour être, communiquer et agir sur son milieu sont très importantes.

  • Proposer des activités autour de la compréhension du schéma corporel par exemple : ce qui est moi par des touchers simples, enveloppants. Nommer toutes les parties du corps en insistant sur celles que l’on ne voit pas comme le dos. Utiliser des photos, des poupons, raconter, comparer et expliquer. On peut aussi chercher des petits objets placés dans les vêtements…
  • Si c’est le tactile qui motive la manipulation des selles, on peut proposer des activités avec de la pâte à modeler faite maison, qui sera présentée tiédie. On peut aussi utiliser de la terre. Ces activités permettront peut-être de satisfaire un besoin de manipulation qui deviendra sur le plan social beaucoup plus acceptable.
  • Sur le plan olfactif, proposer des ateliers où l’on présente par exemple des épices différentes et repérer celles qui sont particulièrement appréciées par la personne
  • Si le passage aux toilettes est angoissant par la peur de perdre une partie de soi en éliminant les selles, essayer de mettre un récipient qui permet au sujet de voir ce qui est sorti de son corps. Il s’agit de minimiser ces angoisses de séparation et d’engloutissement. Les cuvettes à la tyrolienne permettent que les matières fécales reposent bien visiblement sur une petite plate-forme jusqu’à ce que la personne tire la chasse ce qui la rend active et donc moins angoissée et permet ainsi de diminuer son désir de conserver et manipuler ses productions fécales…
  • L’expérience du froid et du chaud, du mou et du dur…
  • Proposer des vêtements soit plus amples soit plus serrés, soit plus doux, soit dans des matières différentes (coton, synthétiques, lainages…).
  • Proposer de porter une simple tunique longue sans sous-vêtement.

Pour illustrer voici un petit exemple vécu dans une institution suisse. Mr G. résident de l’institution passe une grande partie de son temps à se barbouiller de ses selles et de son vomi. Ce comportement rend son intégration dans les différentes activités et sorties très compliquée. Pour les accompagnants il faut doucher Mr G. en permanence. La relation avec les autres résidents est devenue impossible. ​  L’intérêt excessif pour ses propres odeurs semblait évident, c’est ainsi que Mr G. pouvait se « sentir exister ». Un travail sur les odeurs qui a duré plusieurs semaines lui a été proposé, jusqu’au jour où Mr G a montré un intérêt évident pour l’odeur du thym ! Un sachet de thym a éte accroché autour du cou comme un collier, ce qui lui a permis de se détourner de ses selles et de son vomi, et à chaque moment d’angoisse, il pouvait le sentir. Sur le plan social dans l’institution, sa vie a changé et celle des accompagnants aussi !

Il ne s’agit bien sûr que d’un exemple pour illustrer et en aucun cas d’une recette. Les odeurs, nos propres odeurs sont un contenant important, rassurant, qui nous permet d’exister dans notre environnement. « Qui n’a jamais mis la tête sous les couvertures après avoir
fait un vent ?!!! »